La planche à billets : peut-on imprimer de l’argent à l’infini ?
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Qui n’a jamais rêvé de pouvoir créer de l’argent comme par magie ? Imaginez un monde où vous n’auriez plus à vous soucier de vos factures, de vos impôts, de vos dettes… Un monde où l’argent ne serait plus un problème, mais une solution. Un monde où vous pourriez tout vous offrir, sans limite et en claquant simplement des doigts ! Cette magie existe dans notre monde réel, mais hélas, elle est réservée aux Etats. Leur baguette magique à eux, c’est la planche à billets. Je vous propose dans ce topic de comprendre comment et pourquoi on « fait tourner la planche à billets ».
Origines de la planche à billets
Les origines de la planche à billets sont indissociables de celles du billet de banque. Forts de leur maitrise du papier et de l’impression, ce sont les Chinois qui dès le 9ème siècle commencent à utiliser de la monnaie-papier.
Les pièces de monnaie ont des contraintes physiques comme l’encombrement, le poids et le vol. Alors, les marchands de l’époque décident d’adopter une nouvelle méthode de transaction : l’échange de bouts de papier. Très loin des billets de banque tels que nous les connaissons aujourd’hui, cet « Argent volant » leur permettaient de consigner les sommes échangées afin de récupérer leur argent.
Initié par des marchands privés, le concept attire rapidement l’attention des autorités et son utilisation se généralise petit à petit dans tous l’empire. Quelques siècles plus tard, c’est la dynastie des Yuan qui développera les premiers systèmes mécaniques d’impression de billets. La planche à billets était née…
Principes fondamentaux
En théorie, la planche à billets est surtout l’instrument de la politique monétaire d’un Etat et de sa banque centrale. Comme l’argent pour les Français (évoqué dans ce topic), son utilisation est entourée de tabous. Pourtant, elle est souvent utilisée en temps de crise pour relancer une économie en souffrance. L’impression de monnaie papier aura alors pour but de stimuler la croissance et d’augmenter les investissements.
L’expression « faire tourner la planche à billets » est souvent utilisée de manière péjorative pour décrire la création de monnaie. Elle signifie que l’État, et surtout sa banque centrale, crée une quantité importante d’argent et l’injecte dans l’économie, sous forme physique ou virtuelle. Ce n’est pas forcément une mauvaise chose que d’imprimer de grandes quantités d’argent. En revanche cela doit être fait dans des conditions bien précises.
La planche à billets à la rescousse des Etats
Un exemple de bonne utilisation de la planche à billets est celui des États-Unis pendant la Grande Dépression des années 1930. Face à l’effondrement économique massif et à la montée du chômage, le président Franklin D. Roosevelt met en œuvre une série de politiques connues sous le nom de New Deal. Une des mesures phares de ce plan était l’impression de monnaie par le biais de la politique de « l’assouplissement quantitatif » (quantitative easing).
Cette politique visait à injecter massivement de l’argent dans l’économie. en achetant des actifs financiers du gouvernement, tels que des obligations, afin de stimuler les dépenses et de relancer la croissance. Bien que controversée, cette politique a permis de stabiliser l’économie américaine et d’atténuer les effets les plus sévères de la Grande Dépression.
Comme pour la dette, la création monétaire est positive à partir du moment où elle sert à financer des investissements. Dans ce cas, elle sert donc à créer de la croissance. En revanche, elle peut avoir des conséquences graves et créer des déséquilibres macroéconomiques si elle sert à financer de la consommation, des déficits. L’augmentation de la masse monétaire entraînera dans ce cas une hausse des prix. C’est l’inflation.
Faire tourner la planche à billets à fond, ça fait quoi ?
Dans ce cas, toute la magie de la planche à billets peut vite devenir malédiction. En anticipant une hausse des prix, tous les acteurs économiques ajustent leur comportement en conséquence, alimentant ainsi la poursuite de l’inflation. On tombe alors dans une spirale inflationniste, et c’est un cercle très vicieux duquel une économie sort rarement indemne. Dans les pires cas, l’inflation deviendra hyperinflation. À ces niveaux-là, on parle quand même de 50 % d’inflation… Par mois !
L’exemple le plus marquant d’une mauvaise utilisation de la planche à billets est celui du Zimbabwe dans les années 2000. Face à une crise économique et politique, le gouvernement zimbabwéen décide de recourir massivement à l’impression monétaire pour financer ses dépenses publiques. Cette politique a rapidement conduit à une hyperinflation incontrôlable, avec des taux atteignant des niveaux astronomiques.
La valeur de la monnaie nationale, le dollar zimbabwéen, chute rapidement, rendant la vie quotidienne insupportable pour les habitants du pays. En juillet 2008, l’inflation est officiellement estimée à 231 millions de pour cent par an ! Cette crise économique et sociale majeure a laissé des séquelles profondes dans le pays, illustrant les conséquences désastreuses d’une utilisation irresponsable de la planche à billets.
En conclusion, la planche à billets, souvent perçue comme une sorte de baguette magique économique, n’est pas à prendre à la légère. Si elle peut être sollicitée pour booster une économie en berne, les conséquences de son utilisation peuvent être aussi délicates. La planche à billets peut résoudre autant de problèmes qu’elle peut en créer. Et à force de trop la faire tourner, c’est l’économie qui se mettra à vomir des billets…
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